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Un poème sous forme de feuilleton.
Voici la suite, il en reste encore à venir.
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Sylve
conte chamanique
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Chapitre premier
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Le petit peuple (suite)
le chapitre précédent
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1.17
Deux cents êtres vivaient dans le clan des forêts,
Jamais plus, jamais moins le clan ne changeant pas.
L’univers se bornait du grand chêne à l’orée.
Après c’était la fin du monde, la pampa.
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1.18
De vastes étendues de hautes herbes sèches,
Puis des terres sans rien: du sable et des rochers.
Plus de mousse, plus d’eau et puis plus d’ombre fraîche;
Un horizon sans fin qui jamais n’approchait.
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1.19
Alors le clan restait dans son vaste domaine,
Protégé par les Dieux, à l’abri du grand vent
Et caché du soleil; leur roi qui se promène
Au ciel vers la nuit, en partant du levant.
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1.20
La vie allait son train à ces occupations:
Manger, se reproduire et rêver en commun.
Pas d’argent, pas de chef ni de révolution.
Le temps n’existait pas, ni hier, ni demain.
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1.21
Chacun allait au grès de son aspiration
Et lorsqu’un grand costaud semblait vouloir régner,
Tous les membres du clan, à leurs occupations,
Le laissaient dans son coin, à grogner, dédaigné.
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1.22
Les enfants, mêmement, quand ils pouvaient manger
Autrement qu’en tétant allaient où ils voulaient.
Mais en cas de danger chacun se dérangeait
Pour leur porter secours; ils aimaient leurs drôlets.
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1.23
Et maintenant que vous connaissez nos héros,
Je peux vous raconter ce qui fit leur histoire.
»La terre doit souffrir pour se faire terreau,
Car notre paradis se gagne au purgatoire ».
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Chapitre second
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l’événement
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Après le froid d’hiver et les pluies de printemps,
Viennent les jours chauds où le soleil, là-haut,
Fait sur tout l’univers un travail de Titan.
Cela lui donne soif et il boit toute l’eau.
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2.1
En ce début d’été le clan, dans l’insouciance,
Profitait pleinement des jours chauds et des nuits.
Il ne voyait que fruits et feuilles en luxuriance
Et ne connaissait pas le temps et ses ennuis.
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2.2
Les houppiers, bien fournis, projetaient leur fraîcheur
Sur le monde égayé par la vie à foison.
Mais le destin venait, inlassable marcheur,
S’apprêtant à lâcher son injuste poison.
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2.3
Les pignes, dans les pins, éclataient tout le jour
Et dans les clairières l’air surchauffé dansait.
Tous ceux qui y passaient y cuisaient comme en four.
Le Dieu exagérait, ivre de son succès.
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2.4
Mais le ruisseau coulait: on pouvait s’y baigner
Et même traverser à pied là où; avant,
Il y avait des trous près des vieux châtaigniers.
Les aulnes, sur la terre, tissaient de grands divans.
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2.5
On allait se coucher en ces racines nues,
Admirant les cailloux posés au fond de l’eau.
Oui; tout paraissait bon à ce clan ingénu
Alors que sur les pins s’activait un brûlot.
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2.6
Mais pourtant croyez-vous qu’il eût été utile,
A ces gens, de savoir d’avance le futur ?
Qu’y pouvaient-ils changer ? Résister est futile
Quand un destin mauvais vous jette à l’aventure.
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2.7
Éteindre le soleil, nul jamais ne le pu.
Faire boire les arbres sans eau est impossible.
On ne peut réparer certains fils rompus,
Échapper au Dieu qui vous a pris pour cible.
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2.8
C’est seulement après l’inévitable issue
Que l’on peut faire, enfin, le bilan de l’orage.
Il est vain de pleurer criant: »Si j’avais su ! »
Car l’accalmie venue il faut bien du courage.
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2.9
Oh et puis, après tout, à chaque jour suffit
Sa peine et il nous faut garder quelque surprise,
Pour mieux rester serein, de l’angoisse faire fi.
Voilà une leçon que la vie m’a apprise.
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